Tyson Fury affronte Wladimir Klitschko samedi soir à Dusseldörf pour un championnat des lourds qui s’annonce passionnant. Géant, insolent, extravagant, le britannique est invaincu en 24 combats. Présentation.
Un problème de taille
Du haut de ses 2.06m, Tyson Fury est un grand gaillard. Jamais Wladimir Klitschko n’a eu un tel problème d’allonge à résoudre. La seule fois où l’Ukrainien (1.98m) a fait face à un boxeur plus grand (Mariusz Wach, en 2012), il avait parfaitement maitrisé sa distance grâce à son bras avant plus vif et plus efficace. Tyson Fury, lui, a de l’allonge, mais il sait aussi l’utiliser. La boxe de Klitschko étant essentiellement basé sur son jab qui lui permet de placer son bras arrière, sa capacité à imposer sa distance sera primordiale.
Affuté comme jamais
Affirmer que Tyson Fury n’est pas un grand adepte de la diététique serait un euphémisme. Tout au long de sa carrière, son état de forme a varié selon les duels et sa motivation. Quand il a débuté sa préparation, Fury frôlait les 160 kg. Après cinq mois d’entrainement, le voici sur la balance à 112 kg. D’aussi loin que je me souvienne, il n’a jamais été aussi affuté. Face à Klitschko, son endurance et sa capacité à mettre du rythme seront des facteurs clés.
Douze ans d’écart
En termes d’expérience, Klitschko (39 ans), invaincu depuis 2004, est à des années lumières de son cadet. En 24 combats professionnels, Fury (27 ans) a surtout affronté des boxeurs de seconde zone ou en fin de carrière. A son palmarès, un seul nom reconnu : Dereck Chisora, ancien challenger mondial connu pour avoir giflé Vitali Klitschko et craché de l’eau au visage de son frère, Wladimir. Tyson Fury l’a battu à deux reprises (2011, 2014) mais lors de leur dernier combat, en novembre dernier, Chisora semblait ailleurs et avait été complètement dominé. A la décharge de Fury, son combat face à David Haye a été annulé à deux reprises pouur des blessures.
Pas un puncheur, non
Pour un boxeur de son envergure, Tyson Fury possède une technique étonnante et un jeu de jambes correct. Adepte des changements de garde pour perturber son adversaire, Fury boxe en séries grâce à sa vitesse de bras et son coup d’oeil. Malgré son gabarit et son pedigree plutôt flatteur (24V, 18KO), Fury n’est pas un grand frappeur. A ce niveau-là, il est loin, très loin de son adversaire du soir.
Showman
A défaut d’être un puncheur dans la lignée des Lewis et Bruno, Tyson Fury est drôle. Très drôle. Capable d’arriver en Batman à une conférence de presse, ou de chanter « Wind Beneath my Wings » à Klitschko après son entrainement public. Drôle, parfois même malgré lui : au début de sa carrière, le britannique était régulièrement raillé pour cet « auto-uppercut »
Menton douteux
Dans sa carrière, Tyson Fury a été envoyé au tapis à deux reprises. La première, il y a quatre ans, face à Neven Pajikic. La dernière, en 2013, contre Steve Cunnigham, un ancien champion du monde des lourds-légers qui dépasse à peine les 95 kg. A chaque fois, Fury s’est relevé pour s’imposer avant la limite mais les doutes persistent sur sa capacité à encaisser les coups. Si Cunnigham est capable de l’envoyer au tapis, Klitschko l’enverra sur la lune. S’il s’appuie dos aux cordes et boxe les mains basses, comme à son habitude, la nuit à Düsseldorf pourrait être écourtée…
En résumé : sur le papier, Klitschko est bien supérieur, mais il approche la quarantaine et tôt ou tard, son corps finira par le lâcher. Sur son dernier combat, on l’a senti moins dominant, mais son expérience devrait une nouvelle fois lui permettre de faire la différence.
Jean-Charles Barès (@jcbares)